Mon cher frère [Jean-Baptiste]
Réjouis-toi, tu auras demain un protecteur dans le ciel, si Dieu, comme
j’espère, me soutient comme il a fait jusqu’ici. Réjouis-toi
de ce que Dieu m’ait trouvé digne de souffrir, non seulement la
prison, mais la mort même pour notre Seigneur Jésus-Christ; c’est
la plus grande grâce qu’il pouvait m’accorder; je le prierai
pour toi de t’accorder une pareille couronne. Ce n’est pas aux biens
périssables à qui il faut s’attacher. Tourne donc tes vües
vers le ciel, vis en honnête homme et surtout en bon chrétien,
élève tes enfants dans la sainte Religion Catholique, apostolique
et romaine, hors laquelle il n’y a point de salut. Regardes toujours comme
le plus grand honneur d’avoir eu dans ta famille, un frère qui
ait mérité de souffrir pour Dieu. Loin donc de t’affliger
de mon sort, réjouis-t-en et dis avec moi : Que Dieu soit béni !
Je te souhaite une sainte vie et le paradis à la fin de tes jours, ainsi
qu’à ma sœur, à mon neveu et ma nièce, à
toute ma famille. Je suis toujours avec une parfaite amitié ton frère
Toulorge.
Le 12 octobre 1793.
Je vous embrasse tous.