Causa Pierre-Adrien Toulorge


La lettre d’adieu

Mon cher frère [Jean-Baptiste]
Réjouis-toi, tu auras demain un protecteur dans le ciel, si Dieu, comme j’espère, me soutient comme il a fait jusqu’ici. Réjouis-toi de ce que Dieu m’ait trouvé digne de souffrir, non seulement la prison, mais la mort même pour notre Seigneur Jésus-Christ; c’est la plus grande grâce qu’il pouvait m’accorder; je le prierai pour toi de t’accorder une pareille couronne. Ce n’est pas aux biens périssables à qui il faut s’attacher. Tourne donc tes vües vers le ciel, vis en honnête homme et surtout en bon chrétien, élève tes enfants dans la sainte Religion Catholique, apostolique et romaine, hors laquelle il n’y a point de salut. Regardes toujours comme le plus grand honneur d’avoir eu dans ta famille, un frère qui ait mérité de souffrir pour Dieu. Loin donc de t’affliger de mon sort, réjouis-t-en et dis avec moi : Que Dieu soit béni ! Je te souhaite une sainte vie et le paradis à la fin de tes jours, ainsi qu’à ma sœur, à mon neveu et ma nièce, à toute ma famille. Je suis toujours avec une parfaite amitié ton frère Toulorge.

Le 12 octobre 1793.
Je vous embrasse tous.